Tenu à l’occasion de la journée de mobilisation contre la marchandisation de l’éducation dans l’espace francophone le 22 Septembre 2021 sur le thème : « Promouvoir l’éducation publique et réglementer les acteurs privés, dans un contexte marqué par la pandémie de la COVID-19 et l’expansion de solutions éducatives numériques », le webinaire a été marqué par la présence de représentants des organisations de la société civile, de gouvernement et d’institution internationale. Elle a connu la participation d’environ une centaine de personnes.

A l’entame du webinaire, Delphine DORSI, Directrice de l’Initiative pour le Droit à l’éducation a souhaité la bienvenue aux participant.es au nom du réseau francophone. Après une brève présentation du réseau, elle a procédé à la diffusion d’une vidéo sur la marchandisation de l’éducation avant de passer le témoin à M. Sylvain DALA, coordinateur du Réseau Francophone contre la marchandisation de l’éducation. Sa présentation a porté sur l’état des lieux de la marchandisation de l’éducation dans le contexte de la crise sanitaire liée à la COVID-19 qui avait fait l’objet de production d’une note technique de plaidoyer. Il a souligné  que la pandémie est un catalyseur du marché éducatif numérique, tout en mettant en exergue  l’existence d’une faible accessibilité à une éducation numérique et à distance par tous. Enfin, il a rappelé  que la clé d’un système éducatif inclusif et équitable est l’éducation publique gratuite.

Les discussions se sont poursuivies avec les interventions des représentants de la société civile qui ont partagé leurs expériences en matière de marchandisation de l’éducation dans un contexte marqué par la crise sanitaire et la flambée des solutions numériques sous la modération de Aya DOUABOU, chargé de programme à GI-ESCR.

D’entrée de jeu, Oliver TANKEU du CEFAN a affirmé qu’au Cameroun les parents d’élèves pensent que les établissements publics n’offrent pas une éducation de qualité et donc ils préfèrent envoyer leurs enfants dans les écoles privées car ils remplissent les conditions d’environnement et de sécurité que les parents exigent. Il a souligné que gouvernement avait fait des efforts pour améliorer cela, mais à part la diminution de frais, il n’y a pas eu de progrès sur les autres aspects. Pour une réduction de la marchandisation de l’éducation. Amadou DAHOU du Mouvement Ivoirien des Droits de l’Homme (MIDH), a indiqué que l’Etat ivoirien avait proposé des programmes éducatifs à la radio, mais également la voie numérique à travers une entreprise (EdTech) qui a développé une plateforme de cours en ligne, ENEZA Education. L’entreprise a bénéficié du soutien du gouvernement. Elle a donc offert une éducation numérique gratuite pour deux semaines sur la télé et la radio nationales. Après deux semaines, l’entreprise a commencé à commercialiser ses services entraînant ainsi inaccessibilité de tous à cette plateforme. Le MIDH a saisi l’occasion pour parler de son rapport d’étude sur la privatisation et la marchandisation sur le droit à l’éducation en Côte d’ivoire.

Les discussions continuèrent avec Alioune LOUM de la COSYDEP au Sénégal et Serge BONDEDI de la YMAE en RDC qui ont fait part du plaidoyer qu’ils mènent dans leurs différents pays pour inciter le gouvernement à établir un cadre réglementaire pour les acteurs privés impliqués dans des services d’éducation. En RDC, par exemple, l’éducation numérique a été institutionnalisée et les tarifs fixés. Au Niger, Braham MOUMOUNI de l’ASO-EPT a également rapporté que leur plaidoyer a abouti à une note gouvernementale interdisant l’augmentation des frais scolaires pour les écoles privées. Ces dernières n’opèrent désormais plus dans un vide réglementaire. Stéphane VIGNEAULT du Mouvement L’école ensemble du Québec a souligné que la crise sanitaire a été un révélateur des défaillances d’un système éducatif public qui n’est pas de qualité. Il a ajouté que les élèves socio-économiquement désavantagés forment la majorité des élèves des écoles publiques qui en temps de pandémie n’ont pas pu continuer les cours. Mais nonobstant la crise sanitaire les écoles privées et semi publiques, n’ont pas eu de problèmes pour basculer dans le système numérique.

Après les interventions des représentants d’organisations de la société civile, le webinaire a connu l’intervention d’un représentant de gouvernement béninois. Il s’agit de M. AVODAGBE Dèwanou, Directeur de cabinet du ministre de l’éducation du Bénin. Dans son intervention, il a fait cas des problèmes auxquels l’éducation publique fait face avec la multiplication des écoles privées. Il a indiqué que le gouvernement lutte contre cette prolifération en augmentant la qualité de l’éducation publique. Dr. Guy KABA, représentant de la CONFEMEN, a avancé quelques pistes de solutions éducatives numériques qui ont permis une éducation plus inclusive. Notamment l’élaboration de la plateforme Imagin’École qui a été mise en œuvre dans 10 pays de l’Afrique francophone en partenariat avec l’UNESCO et le MENJ (Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse de France) et qui mutualise les ressources éducatives dans une logique d’appui solidaire à la continuité de l’éducation. Selon lui, même si le taux d’accès internet reste limité, l’usage important du smartphone offre des solutions intéressantes pour l’éducation à distance.

Les échanges avec le Directeur de cabinet du ministre de l’éducation du Bénin et le représentant de la CONFEMEN ont été modérés Jean-Hervé Cohen, président du CSFEF.

Le webinaire a été conclu par Carole COUPEZ, déléguée générale-adjointe de Solidarité Laïque par des remerciements à l’endroit des participants, des intervenants et des modérateurs. Elle a invité les différentes organisations à continuer la mobilisation autour de la promotion des droits à l’éducation.

Catégories : cours particuliers

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *