De Ibrahim Baldé, du média « SudQuotidien »

106 écoles et établissements scolaires à Dakar sous les eaux, un déficit de 325,973 tables-bancs, un programme de zéro abris provisoires qui bat de l’aile, 1296 heures d’enseignements/apprentissages, 95.048 enseignants pour 3.240.213 élèves dans 14.920 écoles et établissements. 

A Saint-Louis, la vétusté des bâtiments des écoles est devenue inquiétante. 39 écoles envahies par les eaux à Kaolack. La circonscription de Bambey enregistre un déficit de 100 enseignants. La région de Matam est, pour sa part, confrontée au déficit en tables-bancs. L’école publique sénégalaise va ouvrir ses portes sous ce tableau sombre. C’est devenu d’ailleurs une routine à chaque rentrée scolaire : écoles inondées ou occupées par des sinistrés, déficits de tables bancs et d’enseignants. Les problèmes structurels du système persistent et demeurent. Résultats de courses : les mauvais résultats des examens du Bac (37%), Bfem (51,71%) et Cfee (57,30%) en 2019.  S’y ajoutent le taux d’abandon de 10,61%, un taux de redoublement de 3,68%, en attendant encore un éventuel bras de fer entre Etat et syndicats d’enseignants. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Chaque rentrée, les mêmes problèmes. C’est à se demander d’ailleurs si l’éducation, sujet de fond, est abordée avec sérieux par les acteurs, notamment l’Etat qui garantit ce droit. L’école ouvre ses portes aujourd’hui, 03 octobre, pour les élèves, conformément au décret 2019- 1363 relatif aux trimestres et à la durée des congés et vacances dans les établissements scolaires.  C’est parti pour 1296 heures d’enseignements/apprentissages contre 1331 heures de l’année dernière, soit un gap de 35 heures. Cette année encore comme toutes les autres, l’école publique sénégalaise fera face aux mêmes difficultés pour les mêmes causes. L’absence de solution durable est quasi-inexistante.

Dans les cas d’espèce, le pilotage et la gouvernance du secteur devra être posé sur la table, pour venir à bout des questions quasi-endémiques : écoles inondées ou occupées par les sinistrés, le déficit en tables bancs. 106 écoles et établissements scolaires à Dakar sous les eaux et 39 écoles à Kaolack. Un déficit de 325.973 tables bancs est noté au niveau national. Ce manque découlerait des nombreuses initiatives de constructions de salles de classe menées par les parents d’élèves, les partenaires techniques et financiers, les collectivités territoriales. 1.111 salles de classe construites par des partenaires, sont actuellement en attente d’équipements.

Le problème persiste dans la région de Matam. Pour une question d’accès, il n’est pas question seulement de construire des infrastructures physiques pour faire face à la demande croissante, mais aussi de les équiper et y affecter des enseignants bien formés et en nombre suffisant. Dans ce même sillage, le programme zéro abri provisoire pour un montant de 125 milliards FCfa est à un niveau d’exécution très faible. Selon notre source, le taux d’exécution est de 26% depuis son lancement. En attendant, les régions pluvieuses devront encore patienter la fin de l’hivernage pour espérer mettre sur pied des abris provisoires et rendre effectif les cours. A Bambey, l’inspection enregistre un déficit de 100 enseignants.

A Saint-Louis, l’érosion côtière et autres facteurs n’épargnent pas les écoles et établissements. Les fers rongés entrainent un état de délabrement avancé des bâtiments scolaires. Les autorités envisagent même de redéployer les élèves au regard du danger qui peut guetter les potaches.  C’est dire que beaucoup de difficultés risquent encore d’entraver une atteinte du quantum horaire fixé.

Cette situation pose la problématique de la crédibilité de nos institutions scolaires. Ces problèmes cumulés font que l’école publique n’offre plus une éducation de qualité. Les parents d’élèves font recours de plus en plus à l’offre privée. Cette menace constante de l’école publique en faveur du privé, favorise l’approfondissement du processus de marchandisation de l’éducation. La gouvernance actuelle du secteur éducatif ne semble pas trouver le chemin pour adresser des réponses aux problématiques qui se posent à lui.  Ces agrégats combinés aux éventuelles grèves des enseignants, on peut dire sans risque de se tromper que l’école s’inscrira dans un contexte de difficultés à réaliser le quantum.

Quoi qu’en dise les autorités en charge de l’éducation, les résultats ne sont pas à la hauteur des ressources injectées. Les mauvais résultats des examens s’enchaînent : Bac (37%), Bfem (51, 71%) et Cfee (57,30%) en 2019.  Les mêmes causes produisent les mêmes effets. On note des contre-performances entre les cycles qui sont la résultante des mauvais résultats des évaluations nationales. L’école sénégalaise enregistre un taux d’abandon de 10,61% au plan national, tandis que le taux de redoublement, était de 3,68%. Sans oublier la formation loin des normes requises des élèves-maîtres. Ces derniers  ne font plus les 9 mois exigés de formation dans les Centres régionaux de formation du personnel enseignant.

GREVES EN PERSPECTIVE

Au regard des signaux envoyés par les syndicats d’enseignants, notamment sur d’éventuelles perturbations au cas où les points inscrits dans le protocole d’accords du 30 avril 2018 ne soient pas matérialisés, l’école va encore s’enliser dans une crise profonde. Un bras de fer entre Etat et syndicats d’enseignants est inévitable, risquant de plomber 1296 heures de quantum horaire pour les 95 048 enseignants et au grand dam des 3.240.213 élèves. Les potaches reprennent le chemin de l’école aujourd’hui, jeudi 3 octobre. Dans le préscolaire, les élèves sont au nombre de 246 677. C’est au niveau de l’élémentaire qu’il est attendu 2.142.227 élèves. Le moyen secondaire enregistre 851 309 potaches.  Ils seront accueillis dans 14 920 écoles et établissements que compte le système éducatif, dont 3455 du préscolaire, 10.102 au niveau de l’élémentaire, 1055 collèges et enfin 308 lycées. La stratégie de maximisation du temps d’apprentissage scolaire connaît déjà des signes de faiblesses.

En effet, le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) n’exclut pas d’aller en mouvement dans les prochains jours, tout en annonçant le dépôt d’un préavis de grève. Malgré leur absence sur la table de négociations, les syndicats non représentatifs réunis autour du G20, annoncent les couleurs en décidant de boycotter la rentrée des classes des élèves pour dénoncer le faible niveau d’application des points du protocole d’accord.

Source: http://www.sudonline.sn/les-maux-d-une-rentree_a_44959.html


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