La scolarisation universelle, loin d’être atteinte, a été fragilisée par les plans d’ajustement structurel où l’objectif de croissance a laissé place à la compétitivité. Considérées comme improductives, les dépenses d’éducation ont été soumises à des restrictions budgétaires, suivies par une privatisation des systèmes éducatifs qui n’a pas manqué de s’étendre au-delà des pays les plus pauvres. Une croissance sans précédent des acteurs privés dans l’éducation s’est imposé au « nord » comme au « sud », sans épargner les pays à faibles revenus. Depuis, de nombreux investisseurs s’impliquent à grande échelle dans le marché – jugé très lucratif – de l’éducation; et ce y compris en proposant des services à bas coût, de mauvaise qualité, et visant les populations pauvres.
Si cette tendance risque de transformer en profondeur des systèmes éducatifs déjà fragiles, son impact en termes de qualité des contenus, de ségrégation et d’inégalités sociales, et plus généralement, de réalisation des droits de l’Homme, en ont fait un défi majeur pour les acteurs et les défenseurs du droit à l’éducation tout au long de la vie.

Dénoncé par plusieurs rapports, résolutions, et recommandations de l’ONU et de la Commission Africaine des droits de l’Homme, ce phénomène a fait émerger de fermes contestations des organisations internationales et de la société civile.

Il semble désormais essentiel d’encourager le retour à la gratuité, prôné lors de la Conférence de Dakar en 2000.

Si le droit à l’éducation doit être respecté, protégé et réalisé au sein des Etats, ces derniers ont dorénavant des obligations qui vont au-delà de leurs frontières : la mesure dans laquelle les traités existants créent des obligations extraterritoriales pour les États a été énoncée dans les Principes de Maastricht dans le domaine des droits culturels, économiques et sociaux.
Un certain nombre de pays rassemblés dans la Francophonie sont confrontés à un non-respect de ces principes avec la croissance des acteurs privés dans le secteur de l’éducation, notamment soutenue par certains bailleurs et institutions internationales.

À ce titre, un mouvement de la société civile francophone s’est mobilisé pour relever les enjeux inhérents à la marchandisation et la privatisation de l’éducation.